Hydrodistillation et son historique
     
 

L’hydrodistillation est une méthode d’extraction dont le rôle est d’entraîner les composés volatiles des produits naturels avec la vapeur d’eau. Ce procédé est aussi appelé « entraînement à la vapeur ». Selon l’étymologie du mot, composé de hydro- en grec « eau » et de -distillation qui vient du latin stilla, « goutte » et de distillare (latin savant), « tomber goutte à goutte », il semble donc que cette technique soit très ancienne. On a en effet retrouvé des traces de son existence dès l’Antiquité, car on pense que les Perses l’auraient découvert pour fabriquer l’eau de rose.

 

L’antiquité : domaine de la parfumerie

Des vases, retrouvés dans le Nord de l’Irak (Tepe Gawra, Mésopotamie), sont considérés par les archéologues comme des alambics primitifs. Ils datent de 3500 ans avant Jésus-Christ.   Mais il semble que ces techniques de distillation aient également été connues en Inde au 3ème millénaire avant Jésus-Christ : on a en effet découvert d’autres indices le confirmant, grâce aux fouilles de Mohenjo Daro.On a aussi retrouvé en Crète, dans les fouilles de Kéos, au 16ème siècle, une tablette représentant un vase, posé sur le feu et surmonté d’un couvercle en cône. Ce vase pourrait être un alambic primitif. Par ailleurs, le mot grec ambikos, désignant un vase cylindro-tronconique, est à l’origine du mot arabe « alambic ».
Rappelons qu’Aristote, philosophe grec (de 384 à 322 avant J.-C.) proposait aux marins de distiller l’eau de mer pour obtenir de l’eau douce. Il fut aussi le premier à décrire le principe de la distillation de l’eau de mer et du vin.

Les premiers véritables appareils à distiller furent conçus par les coptes d’Alexandrie et les chrétiens d’Egypte ; ils comprenaient une cornue (cucurbite), un récipient de condensation (ambix) et un réceptacle des produits distillés (phiale). Dans la ville d’Alexandrie, durant les premiers siècles avant et après Jésus-Christ, on trouve une importante corporation de parfumeurs, possédant des alambics (ambikos) pour distiller des élixirs, des alcools, des essences florales. Ces anonymes seraient à l’origine de la chimie et de l’alchimie. Un manuscrit du 4ème siècle, écrit par un alchimiste alexandrin Zosime de Panopolis, présenterait une illustration d’un alambic.
On sait en effet que les Egyptiens maîtrisaient les différentes techniques d’extraction :

-            - par la chaleur : ils jetaient symboliquement des boulettes de parfum dans un feu sous le regard d’un de leurs dieux et de leur pharaon.

-            - par les graisses : depuis la Haute Antiquité, l’utilisation des graisses, solides ou liquides, permet aussi d’extraire des odeurs d’un végétal. Des Egyptiennes                sont représentées au cours d’un banquet portant un cône sur la tête qui n’était qu’un mélange de graisses parfumées coulant en continu sur leurs cheveux et leur corps.

-         par l’eau : cette technique est tout aussi ancienne, c’est la technique classique de l’hydrodistillation, utilisée pour la lavande, la rose, l’écorce d’oranger…

 

Le Moyen-Âge : domaine de la médecine et de l’alchimie

Les Arabes arrivent à Alexandrie en 640 et y découvrent ces techniques. Ils les font peu à peu circuler dans tout le bassin méditerranéen. Marcus Grachus, dit Marco Graco, un italien du 8ème siècle, décrit la distillation du vin pour obtenir des eaux de vie, comme Geber (alchimiste arabe, 730 – 804), à la même époque.  Abu Bakr al Razi, dit Rhazès est un médecin perse né en 864 et mort en 925. Il est le premier à décrire scientifiquement le principe de la distillation alcoolique, les appareils de laboratoire nécessaires, ainsi que la fabrication de l’eau de vie. De plus, Avicenne (médecin perse) améliore l’alambic en inventant le serpentin.

Les médecins et pharmaciens améliorent les appareils et la technique. Ainsi, les apothicaires du 12ème siècle savent préparer des médicaments alcoolisés dont l’usage se généralise très rapidement. On utilise aussi la distillation pour préparer des parfums ou des liqueurs.

Arnau de Vilanova, dit Arnaud de Villeneuve, est un chimiste français (mort en 1311). Il écrit le premier traité sur la distillation : celui-ci parait en 1311. C’est aussi le premier à récupérer l’essence issue de la distillation.

 

De nos jours

Les producteurs d’alcool furent longtemps les experts de la distillation, et c’est grâce à leurs travaux, complétés principalement, depuis cinquante ans, par les recherches des ingénieurs de l’industrie pétrolière, que la distillation occupe une place industrielle aussi importante parmi les opérations de séparations. Il faut aussi rappeler que la distillation est l’opération de base du raffinage des pétroles bruts.

 

L’hydrodistillation

Cette technique date donc de l’Antiquité, fut diffusée en Europe par les Arabes et fut complétée et améliorée tout au long de l’Histoire.
On sait aujourd’hui que l’hydrodistillation sert à extraire une huile essentielle non miscible avec l’eau. Ce procédé est très utilisé en parfumerie car les huiles parfumées sont extraites par la vapeur d’eau ; en effet, la vapeur d’eau peut entraîner avec elle les huiles essentielles qu’elle enlève aux plantes. Elle est très efficace pour la lavande, les racines d’iris, le vétiver, le bois de santal ou encore les feuilles de géranium. De plus, l’hydrodistillation est encore couramment appliquée de nos jours, exemple pour le pétrole, et est encore aujourd’hui améliorer par des ingénieurs.


Cette technique étant valable pour tout corps dont la température d’ébullition est inférieure à celle de l’eau, elle est extrêmement utilisée dans de nombreux domaines.

 

Source : Lycée Palu LAPIE, Académie de Versailles